mardi 22 juillet 2008

3. Le projet de la bibliothèque de Jussieu par R.Koolhaas, intélligence spatio/temporelle à travers la continuité de la rampe

1. Le projet

Ce projet fut élaboré par l’équipe de l’OMA, dirigé par Rem Koolhaas en 1993, pour le concours de la bibliothèque Jussieu à Paris. Une dizaine des plus grande agences d’architectures étaient présentent pour ce projet à l’envergure nationale. Rem koolhaas présenta un cube dans lequel évoluaient deux hélices hélicoïdales soutenues verticalement par une série de poteaux traversant tout le bâtiment. Il sortit vainqueur de ce concours(1), éblouissant le jury par la performance de son architecture, qui est arrivé à provoquer cette liaison entre un système architectonique et un modèle social virtuel, de parvenir à exprimer par l’ouvrage construit la formidable pression collective quis’exerce sur nos systèmes de pensée(2).


maquette du projet


Koolhaas, dont l'architecture peut être en partie qualifié de "scénarisé" a projeté un bâtiment dont la qualité spatio/temporelle reflète des intentions propre au cinéma et plus particulièrement à Time Code.
Une dynamique du plan y est largement visible, à la fois en plan que dans son utilisation et de son vécu. Koolhaas en parlant de sa bibliothèque disait : A tous les éléments du programme, il offre l’avantage de la visibilité et de l’accessibilité : le visiteur devient un flâneur baudelairien , observateur séduit par un monde de livres, d’informations, et par les « situations » urbaines.[…] De par son échelle et sa diversité, l’effet des plans inhabités devient presque celui d’un forum, thème qui déclenche la lecture du boulevard comme composante d’un système de « cité », dépassant le cadre du programme : places, parcs, escaliers monumentaux, cafés, boutiques(3): La personne qui vient étudier est à la fois sujet et spectateur. L’architecture de Koolhaas est porteuse d’une infinité de mouvements, de sujets que chacun est libre d’observer. Chaque expérience est unique et autonome mais s’intègre dans une structure commune : celle de la rampe.

principe de la rampe continue


En dépliant le tissu urbain existant, grâce à de judicieuses découpe, Koolhaas élaborait un concept de continuité totale. A la fois urbaine par le simple soulèvement d’un « parvis flexible » et architecturale où les plans de chaque étages sont modifiés de manière à être connectés au niveau inférieur et supérieur. Un itinéraire continu traverse alors la totalité de la structure.

2. La rampe comme principe de compréhension de l’espace/temps

La substitution de la traditionnelle superposition des plateaux par une continuité des surfaces praticables fait basculer le statut de l’édifice. De simple structure, il devient réseau grâce à la continuité de vastes plans inclinés qui créent une connexion généralisée des fonctions(4) .Cette rampe oblique devient la structure dans laquelle les usagés peuvent déambuler continuellement, à la manière de la caméra fixée sur un rail infini. Cette continuité oblique est une opportunité de foisonnement de situations généré par les usagés.
Comme son architecture, La représentation du projet de Rem Koolhaas est elle aussi ciblé autour des attitudes humaines. Ici le plan, bien que nécessaire à la compréhension globale et technique du projet, porte préjudice à la représentation du rapport espace/temps, qui est ici l’essence du projet. Rem Koolhaas oppose donc la représentation classique du plan à celle de la coupe « du cheminement ».
Cette représentation coupe le bâtiment au niveau du cheminement de l’usager qui représente, contrairement au plan, un espace où rien n’est plus séparé, arrêté,où la culture se manifeste à travers un foisonnement d’usages spectaculairement dynamiques(5). Cette représentation à la particularité d’être, comme le bâtiment, totalement continue.

coupe du cheminement, par Rem Koolhaas

En réalisant l’intérieur de l’habitation une mobilité généralisée, l’obliquité transformera l’ancienne cellule qui n’était en somme qu’un « micro ghetto », en un véritable paysage intérieur que nous parcourrons librement(6). Le parcours libre, telle est la volonté de l’OMA dans l’expérience de l’usager. Une structure dans laquelle les usagers pourraient évoluer en harmonie à la fois avec l’espace mais aussi avec eux même. A tous les éléments du programme, elle offre l’avantage de la visibilité et de l’accessibilité : le visiteur devient un « flâneur baudelairien », observateur séduit par un monde de livres, d’informations, et par les « situations » urbaines »(7)

Koolhaas, à propos de l’expérience dans sa bibliothèque parlait de « suggestion d’une exploration systématique des potentialités d’un lieu. Comme il était cité plus haut, l’usager de cette architecture devient actif dans un ensemble valorisant les attitudes et expériences de chacun. Le spectateur en devenant sujet est interprétable de mille et un points de vues. Il n’y a pas de vérité absolu, si chaque pratiquant est à la fois sujet et spectateur : il y a autant de représentation qu’il n’y a de spectateur (vues) pour chaque sujet dans la bibliothèque.


(1)Quelques mois plus tard, le projet fut abandonné pour des raisons politique.
(2) J.Attali, Babel on site, « Naissance d’une grande bibliothèque

(3) Rem Koolhaas and Bruce Mau, S,M,L,XL O.M.A, Monacelli Press, 1995.

(4) AMC, février 2006, n°158, p 87
(5) J.Attali, Babel on site, « Naissance d’une grande bibliothèque » p.122
(6) Claude Parent « Circulation habitables », Architecture principe, n°5, juillet 1966
(7) Rem Koolhaas and Bruce Mau, S,M,L,XL O.M.A, Monacelli Press, 1995.

Aucun commentaire: